Aristote disait que le désir d’apprendre est inscrit dans le psychisme humain, il pense que « tous les hommes ont un désir naturel de savoir ». En effet, le plaisir de l’apprentissage ne cesse pas dès le premier emploi. Nous identifions les femmes qui souhaitent reprendre leurs études après un congé parental, les personnes qui ne veulent pas rester sur un échec scolaire passé, celles qui mènent un projet ou qui ont décidé de réaliser leur rêve. Comment la saveur de nouvelles connaissances se présente-t-elle ? Quels sont les freins à l’expérience pédagogique ? Comment entretenir le désir d’apprendre ?

Désir d'apprendre

Deux types de désir d’apprendre

Un apprenant possède ses propres objectifs lorsqu’il se lance dans un apprentissage. Ces envies peuvent alors correspondre à un désir d’apprendre extrinsèque ou intrinsèque.

1. Le désir extrinsèque

Ici, l’envie d’apprendre ne vient pas directement de la personne, mais d’un facteur extérieur. Il s’agit souvent de répondre à la norme sociale et de s’instruire par nécessité. Cela s’explique par le cheminement classique inculqué par notre système institutionnel.

Voici brièvement ce qu’on nous enseigne : l’apprentissage correspond à l’éducation.

Or qui dit éducation dit système scolaire afin d’obtenir un diplôme, car ce dernier est « garant » d’un emploi. Il est alors primordial de détenir ce titre certifié pour exercer une activité professionnelle (toujours selon le cadre éducatif). Et nous y croyons fermement, puisqu’un métier stable répond à notre besoin fondamental de sécurité, le deuxième mentionné sur la pyramide de Maslow.

Si nous maintenons ce modèle, vous remarquerez que nous ne recherchons plus le bénéfice de ce que l’apprentissage est censé nous apporter. Il sert plutôt à l’apprenant à acquérir des biens matériels ou à être institutionnellement reconnu. L’ambition d’apprendre représente alors finalement qu’un moyen de s’adapter au marché d’emploi.

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2. Le désir intrinsèque

Dans le désir intrinsèque, l’apprentissage n’est pas confondu avec l’éducation formelle. Il n’est pas assimilé à une certification, mais à une expérience pédagogique pour soi, pour la culture et la citoyenneté. En appréciant les études au-delà du discours éducatif traditionnel, nous entrons alors dans un domaine nouveau que l’Amérique latine nomme « capacitacion », la capacité.

Certains d’entre nous ont donc le goût d’apprendre pour  :

  • être en capacité d’accomplir quelque chose par soi-même  ;
  • être utile aux autres  ;
  • entretenir une meilleure relation avec ses enfants et son entourage  ;
  • éprouver le plaisir d’apprendre  ;
  • trouver des solutions par soi-même et être plus créatif ;
  • prendre conscience de ses capacités à apprendre, à réfléchir et à imaginer.

Dans ce cas, nous apprenons et nous nous formons alors tout au long de la vie, au moment où nous en ressentons l’envie ou le besoin.

Des freins au désir d’apprendre

Malgré le désir d’apprendre initial, nous observons des échecs dans l’apprentissage. Pourquoi ?

Les premiers obstacles à l’apprentissage

L’apprenant peut se retrouver dans des phases de stagnation, de procrastination, et même de régression. Car apprendre nécessite malgré tout un travail d’esprit (concentration, recherches intellectuelles…) et parfois du corps. Même avide de nouvelles connaissances, nous restons des êtres humains dotés d’humeurs et de motivations changeantes. Par conséquent, notre envie d’étudier peut diminuer face à

  • une difficulté au cours de l’apprentissage ;
  • une baisse de moral ;
  • un événement extérieur perturbant ;
  • de la fatigue.

D’après Anne-Nelly Perret-Clermont, professeure de psychologie à l’Université de Neuchâtel, notre vie est parsemée d’apprentissages abandonnés, avec ou sans réelles bonnes excuses. Les raisons peuvent alors être liées à

  • un changement de projet ;
  • un manque de temps ;
  • de la lassitude.

Des entraves plus profondes à l’apprentissage

Il existe également d’autres obstacles plus profonds au désir d’apprendre qui nous empêchent d’aller jusqu’au bout des formations.

Apprendre signifie également reconnaître que nous ne savons pas. Or s’avouer en manque de connaissances ou avoir des faiblesses peut devenir compliqué pour l’ego de certains individus.

Se former dans des univers dans lesquels notre entourage n’est pas habitué peut susciter des railleries. Il est par exemple fréquent que des gens désignent ceux qui se mettent au bio, de « bobo ».

Les nouvelles connaissances confirment parfois l’obsolescence des anciennes. Et ce constat peut bousculer l’apprenant dans ses croyances.

Découvrir de nouvelles pratiques peut aussi générer des angoisses. Car l’apprenant se questionne et doute de ses capacités.

Toutefois, désirer apprendre et se lancer dans la formation est très avantageux puisque nous

  • consolidons nos pratiques ;
  • découvrons de nouvelles solutions ;
  • enrichissons et élargissons nos domaines de compétences.

De plus, contrairement à la culture qui se transmet, l’apprentissage requiert un travail mental personnel. En effet, avec toute la volonté du monde, personne n’est encore en mesure de remplacer l’apprenant dans son expérience pédagogique.

Conseils pour entretenir le désir d’apprendre

Pour entretenir le plaisir d’apprendre et optimiser ses chances de réussite, il est indispensable de nourrir sa curiosité et de planifier son apprentissage.

1. Nourrir sa curiosité

Curiosité

Toute situation que vous vivez représente une source d’apprentissage potentielle.

Repérez dans chaque événement vécu un aspect sur lequel vous pensez n’avoir qu’une compréhension partielle. Si le sujet vous séduit, approfondissez vos connaissances en effectuant des recherches.

Ne vous arrêtez surtout pas de lire, car la lecture offre de nombreux avantages pour apprendre efficacement.

Faites preuve de curiosité et questionnez votre interlocuteur dans un domaine qui vous intéresse et qu’il maîtrise. Non seulement vous satisfaites votre soif d’apprendre, mais vous améliorez également vos relations.

Nous ne comptons plus les plateformes d’apprentissage en ligne. Le e-learning est plus que florissant, il en existe quasiment dans tous les domaines ! Et vous pouvez même trouver des MOOC gratuits sur ce qui vous plaît.

Lorsque vous découvrez un nouveau concept, tentez de le reformuler ou de l’expliquer à quelqu’un pour vous assurer d’avoir bien compris. Cela développe d’autant plus votre créativité.

2. Organiser son apprentissage

Pour entretenir le plaisir de l’apprentissage et réussir sa formation, il est important de se fixer des objectifs. Comme pour tout projet, vous ne pouvez la mener à bien que si votre objectif répond aux critères connus de la méthode SMART :

  • S  : Spécifique et simple.
  • M  : Mesurable. Vous ne pouvez mesurer vos progrès sans indicateur mesurable.
  • A  : Atteignable ou Acceptable.
  • R  : Réaliste. Il est illusoire pour un non sportif de courir un marathon en s’entrainant pendant deux semaines.
  • T  : Temporellement défini. Il est impératif de définir une date butoir pour garder une motivation et doser son investissement.

Vous vous dites peut-être « oui, mais je n’ai pas le temps ! ». Ce fameux temps que nous poursuivons sans cesse… Mais pas de pression, vous pouvez commencer par vous y consacrer que 15 minutes par jour. Ou planifiez un petit moment sur certains jours de la semaine.

Le plus important est de commencer.

Cela deviendra une régularité naturelle. Il vaut mieux commencer et avancer petit à petit, plutôt que ne rien faire. Car dans deux ans, lorsque vous vous retournerez, vous n’aurez toujours rien appris. Ne dites plus « il faut que » ou « j’aimerais faire…plus tard », commencez à remplir votre agenda dès maintenant.

Jusqu’à quel âge pouvons-nous apprendre  ?

Il nous est possible de nous former jusqu’à la fin de notre vie, si et seulement si nous entretenons notre plasticité cérébrale. Cela tombe bien, car pour maintenir la régénération neuronale, le seul remède consiste à continuer à apprendre et à maintenir en éveil la curiosité pour la nouveauté. Il en va de notre santé physique et mentale. Non seulement acquérir de nouvelles connaissances génère un sentiment de fierté et d’enthousiasme, mais nous évitons aussi un vieillissement précoce du cerveau.

Et vous, pour quelle raison désirez-vous apprendre ? Dites-le-moi en commentaires.


Sources :
The conversation – Notre cerveau peut apprendre à tout âge – 2.06.2017
Revue Quart monde – Le désir d’apprendre n’a pas d’âge – Dossier 185 | 2003/1 Apprendre : le désir et le droit
Le Temps – Le désir d’apprendre chez les adultes, un sentiment subtil et méconnu – 30.09.2005
Sciences Humaines – Le désir d’apprendre est-il naturel ? – Mensuel N° 257 – Mars 2014
CAIRN – Philippe Perrenoud – Qu’est-ce qu’apprendre ? – Dans  Enfances & Psy  2003/4 (no24), pages 9 à 17

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4 commentaires

  1. Bonjour,
    Très bel article. Je suis en accord avec tous ce qui est dit. J’y vois un fil conducteur avec une prise de conscience. C’est nourrir l’esprit que d’apprendre et de transmettre.
    Merci et à bientôt

  2. L’apprentissage est dans mes valeurs, je suis curieuse par nature. Frustrée par moments de ne pas prendre suffisamment pour le réaliser. En lisant le dernier paragraphe, j’ai été rassurée que c’est possible d’avancer dans ses apprentissages quelques minutes par jour, possible de prendre le temps pour soi et poser le cadre un temps en dehors de sa sphère familiale ou autre. 😉

    1. Je comprends parfaitement ce que tu ressens Soraya ! En plus, même en ne passant que quelques minutes par jour, ça procure un bien fou. Il suffit d’en faire le bilan en fin de semaine.
      « Les petits ruisseaux font les grandes rivières » 😉

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